#Louis-Ferdinand Céline
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Le séjour en Angleterre, l'hiver. 1/2
En 1998 Londres était une ville noire, le train se frayait un chemin via Brixton, Clapham, Lambeth avant de vous jeter avec les bagages dans un entrepôt gris appelé gare de Waterloo. Le wagon avait longé des heures semblait-il, les murs des habitations de Croydon par des couloirs de briques noires déglinguées, brunâtres, édentées sous la pluie, une vision qui vous glaçait le sang. C'était ça le plus riche pays d'Europe ? Cette ville de Londres était comme un camp de travail de damnés. En plein été une pluie noirâtre détrempait la zone. La pelouse des stades était noire, les églises, les rues étaient noires, ainsi durant des semaines, des mois, toute l'année, tout le temps.
Tout a changé depuis 2007. l'Eurostar entre désormais dans Londres par la gare Saint-Pancras, château néo-gothique bien frotté avec sa toiture en verre et ses marchands de fleurs. La brique est redevenue tendance, l'esthétique usine ancienne est soudain passée au premier plan et les bobos raffolent des lofts en brique et poutrelles d'acier depuis le grand tournant de l'année 2000.
Nous sommes vendredi, 8h du matin. À peine le pied posé commence la mission d'esquiver les touristes. À eux les magasins de souvenir, les photos devant Buckingham, les files d'attente à la Tour, à eux l'imagerie d'Épinal des cabines et des uniformes rouges, illustrations de nos manuels de langue de classe de sixième. Les touristes veulent voir "les choses à voir". Dans les voyages l'envers du décor seul est attirant. La rue du vrai peuple comme dans Nil by Mouth, Gosford Park, Scum, Get Carter. Les recoins, les embrasures, les jardins privés d'arrière-cour, les escaliers de service, les remises, les guérites de concierge, les fenêtres entrebaillées, les renfoncements, les appentis, la lucarne d'une tourelle, les portes dérobées, les cheminées fumantes, les sentiers de lotissement privé, les courettes d'anciennes écuries, les préaux, et toute cette vie prise sur le fait, cent fois plus parlante que les monuments pétrifiés.
Pourquoi des vacances en Angleterre ? Pour le repos. On se délasse très bien dans les villes affairées pendant que les gens travaillent. L'art du repos est un paradoxe, "Je vais dormir tranquille car je sais désormais que mon pire ennemi veille sur moi" dit Eastwood dans un western ancien. Londres est un lieu de méditation pour tout ce qui n'y existe plus: la ville en bois d'avant l'incendie, les docks, les entrepôts de marchandises "East India", le rêve colonial qui permettait d'importer sur un territoire sombre mille choses colorées, étonnantes et parfumées venues du bout du monde, débarquées par des centaines de bateaux à voile chaque jour. C'est la ville froide qui se chauffe au thé indien et aux tapis persans.
Londres est enfin la ville des églises et des stades, deux raisons valables de traverser la Manche quand on a rassemblé assez d'argent et de journées de congé payé. Vaste sujet que les sous, chose honteuse et cruciale, c'est la "partie honteuse" de notre être social, "one's private part". Les années de vaches maigres où l'on est bloqué chez soi au minimum vital sont des années perdues. La vie, c'est tout de suite. Il est trop tard pour voir White Hart Lane, Highbury et Boleyn Ground, tous démolis alors qu'ils comptaient parmi les plus beaux stades du monde avec leur déclivité splendide, leur premier rang à deux mètres de la ligne de touche. Samuel Pepys, William Thackeray, John Henry Newman, Antoine de Souroge, qui ont tous foulé le pavé de cette ville, ne sont plus lus par personne. Les époux Mosley sont voués à l'oubli pour le crime d'avoir eu raison contre Churchill, enfin Stuart Pearce, Paul Gascoigne et Darren Anderton ont pris leur retraite. Restent les kidney pies, les pintes, les chants d'église et les chants de stade, quelques îlots traditionnels de culture populaire qui feront l'affaire pour changer d'air quelques jours.

Bien que ce ne soit pas un "pays ami", le Royaume-Uni est un sujet d'étude pour qui cherche un passage dans la déglingue occidentale actuelle. Il est probablement invincible, dépositaire par une résolution mystérieuse de la Providence de quelque qualité de guide lorsque le continent va bien et de contrepoids lorsque le continent va mal, notamment parce qu'il est une synthèse du continent mais placé à l'écart de celui-ci. Contre toutes les certitudes statistiques je crois plausibles les thèses du style "Les anglo-saxons et l'alliance", en tout cas il est impensable que ce pays et ce peuple, nœud du premier empire mondial de 1066 à 1960, s'effondrent vraiment. Parions que tout ce que subit cette nation actuellement n'est qu'apparence, que sa substance protégée par la légendaire hypocrisie locale mieux que par la mer est intacte, vivace comme au temps des docks. Ces vacances seront l'occasion de s'en assurer sur le terrain.
Aller tous les 2 ans avec un thermomètre en Angleterre pour prendre sa température est le moyen de comprendre où en est notre pays à nous par comparaison. La France est ma filiation, elle seule m'importe, et tous les voyages loin d'elle me la font davantage aimer. Mais la France envahie est un bagne que je ne puis souffrir et je l'ai quitté d'abord pour prévenir un possible pétage de plombs. Peuple joli, pays artisanal, les voir chaque jour alors qu'ils sont mon seul repère ici bas, écrasés de merde industrielle, sadiquement retournés, souillés, dévorés, dans une atmosphère tantôt ricanante tantôt indifférente, dans un désastre à ce point monstrueux, à ce point diabolique, à ce point pornographique, répété chaque année pire avec le néant comme seul dieu, avec le déclin comme seul horizon pendant que tout le monde s'en fout… habiter là, voir cela, et ne rien faire? Je suis comme J*, j'ai le tempérament de Carthage, seul trait que j'ai gardé de l'autre filiation. J'aurais un jour difficile commis contre un cloporte pris au hasard un "acte désespéré" aussitôt traité dans les médias comme (etc)… Alors je suis parti. Ailleurs c'est moche, c'est sale, c'est nul, c'est envahi tout autant certes, mais ce n'est pas chez moi. Alors c'est supportable. C'est tout.
L'Angleterre est-elle envahie? Depuis 1989 à y faire des aller-retours, jamais là-bas je n'ai vu les quartiers pakistanais et jamaïcains prendre la forme de l'invasion massive, de ce dégueulage sans respect, de cette agression sur la France par millions et millions de resquilleurs. L'Angleterre a fait marcher au pas ses importations dés les temps élizabéthains, c'est la culture du dock et de l'entrepôt qui s'exprime: d'abord faire payer ce qui entre, marchandises, marchands, voyageurs, pour les calmer. Billingsgate. Après on parle. Ce qui rentre doit rapporter, doit payer, ou crever sous la pluie, ou dégager.
L'Angleterre n'est pas envahie au sens où on l'entend chez nous. C'est le lad local qui tient la rue, pas la racaille. Si la racaille bouge une seule oreille elle se fait repeindre en rouge d'abord par la rue puis par la loi, garde-fous redoutables qui vous écrasent et vous ruinent à la première incartade, et qui espèrent même que vous commettiez l'incartade pour pouvoir jouir de vous rosser. La racaille est plutôt sujet de dégoût chez la gent féminine qui a besoin d'hommes réfléchis et durs pour survivre dans le marche-ou-crève qu'est ce pays. L'Angleterre est un pays dur, la France aussi, mais la première est plan-plan, organisée pour que les profiteurs s'appauvrissent et se déshonorent. Les femmes toujours un peu chiennes renifleuses d'air du temps disait Céline, comprennent inconsciemment ce genre de ligne de force, et se marient en conséquence. Années 1980, au moment où ils remontaient durement la pente sous Thatcher nous coulions doucement sous Mitterand.
Qu'est-ce que la vraie bourgeoisie française a gagné depuis 1981 à part un peu d'argent dans le meilleur des cas? Elle est passée du prestige au dérisoire, du vêtement BCBG aux loques du rappeur américain. Elle a dit pardon à des gueunons qui prenaient les places assises dans le métro, en ajoutant "madame" pour se persuader de céder par politesse, non par soumission. Elle s'est déshonorée en élevant ses filles dans le coton quand il fallait sortir le fouet. Elle a tourné de plus en plus vite dans la cage à hamster, affolée de servitudes croissantes pour une rétribution en monnaie de singe. Elle s'est mise même à parler de plus en plus vite, perdant tous ses codes structurants, déposant son Littré sur le trottoir avec une pancarte "à donner" pendant que la pelouse de la maison de campagne se couvrait de ronces.
Le peuple qui va au pub et regarde le foot a intégré le slogan "No room for racism" autant que l'irruption des turbines à vent et des antennes 5G dans le paysage. Ils savent que c'est incongru, que c'est faux, que c'est forcé, que ça ne les concerne pas. La longue histoire anglaise nous apprendra que l'attitude d'approbation chez ces hypocrites-nés était feinte, que cette ruse de la raison les fera survivre aux dépens de beaucoup d'autres Blancs qui eux se sont laissés entraîner par cette propagande. Devancer et surexprimer une loi pour en faire un escabeau, permet de traverser le torrent à pied sec.
London loves. Réservation faite dans un hôtel victorien minuscule à Lancaster Gate, dans Paddington, juste au-dessus de Hyde Park. Un quartier immobile, inchangé depuis notre dernière venue ici en 2003. Les vêtements et les voitures ont seuls pris du plomb dans l'aile. Il y a 20 ans c'étaient encore les années de l'imperméable Burberrys et de la Jaguar XJ Sovereign, aujourd'hui ces sont les baskets en mousse et les quatre-quatre électriques. Désolants signes extérieurs de richesse des bourgeoisies actuelles, à vous écœurer de trimer pour un argent qui n'est plus dépensable qu'en horreurs.
Chambre d'hôtel soi-soi pour passer l'hiver. Etroite, feutrée, avec son chauffage et sa douche proprette, pourvue d’une fenêtre à guillotine donnant sur une place calme avec église, c'est la planque idéale pour voyageur transi de froid. Chaque palier de l'escalier prend jour par une fenêtre avec vue sur une cour vaste comme un parc, bordée d'anciennes écuries converties en maisonnettes. Elles sont peintes en rose pâle, en vert menthe, en bleu ciel dans le style Notting Hill, et sont typiques de l'impulsion vitaliste qui a remonté Londres du marécage à la fin des années 1980, phénomène qui coïncide avec le renouveau des quartiers de l'est, évoqué dans les films A Long Good Friday et dans Trainspotting ("Londres était la ville du boum").

Bagages posés, direction Brompton Oratory. On traverse cette campagne appelée Hyde Park, si grande qu'elle dissimule toute construction urbaine lorsque l'on se trouve en son centre. Ainsi était conçu le Luco, le plus charmant jardin du monde gâché en 1973 par la tour Montparnasse.
Brompton Oratory est la plus grande église catholique de la ville. Religion persécutée, puis déconsidérée, de nos jours anecdotique, la foi de l'Eglise catholique était chez les Anglo-Saxons associée aux Irlandais, peuple jugé ici comme les Bretons l'étaient par la troisième république, des gens pieux qui seraient arriérés, de bas standard, suspects de déloyauté envers le pouvoir central, et pour toutes ces raisons, tués en masse dans des famines et des guerres. La devise du cardinal Newman est gravée en lettres d'or près d'un vitrail. Cor ad cor loquitur. Elle n'a l'air de rien cette devise. Certaines sentences apparemment banales ne tombent sous le sens que dans certains moments de grâce, ou de crise. Fleurit là où Dieu t'a planté (S-F de Sales) est ce cette teneur. Dans la vie normale plus la chose est simple plus on passe à côté. Et puis l'on se figure mal aujourd'hui le sens du chemin spirituel parcouru par Newman, de l'anglicanisme à l'Eglise. C'était un grand bourgeois de l'establishment, il avait la voie royale pour une vie sacerdotale tranquille. La recherche de la vérité l'a exilé loin des cercles d'Oxford pour le placer dans la religion des Irlandais et des continentaux avec toute l'aura d'infamie que cet amoindrissement supposait.
La partie sainte de l'église est séparée du reste par une clôture. À dix mètres se trouve un monsieur longiligne occupé à allumer les hauts cierges de l'autel avec une tige spécialement conçue. Il me faut lui parler, je lui adresse un signe d'excuse, il vient. C'est un prêtre dans le style High Church, comme le Reverend Runt de Barry Lyndon, sans la perruque toutefois. Soutane noire, col oratorien. Je lui demande dans quelle chapelle latérale est enterré le corps de Newman. Il répond que sa sépulture n'est pas ici mais à Birmingham. Il ressemble beaucoup au Reverend Runt. Remerciements. Je réserve un billet pour Birmingham.

En sortant, étonnement de croiser la marmaille de l'école Saint-Philip voisine qui vient en sens contraire pour la messe. Cette école était le nec plus ultra des écoles RC de Londres, les écoles non-anglicanes, catholiques. Les temps ont changé. Dans un désordre banal de sortie scolaire une soixantaine de fils de consuls tropicaux repousse les portes d'entrée comme si c'étaient celles d'un saloon, sûrs de leurs droits, mal encadrés par trois types effeminés et autant de bonnes femmes qui portent des pantalons.
Admiré quelques gravures anciennes chez un antiquaire en face du parvis, puis un jardin privé fabuleux appelé Thurloe Square. Les entrepreneurs en rénovation sont à pied d'œuvre dans ce quartier de South Kensington et opèrent ici selon des directives que l'on devine strictes, résultat pas un seul dépôt improvisé, pas une poussière sur les murs, et partout du revêtement protecteur apposé le long des surfaces bâties. Sur la chaussée pas de congestion de trafic, les voitures se garent à distance les unes des autres, on sent qu'un règlement draconien fait marcher au pas tout ce beau monde. Un saut à Sloane Square pour entrer chez les marchands de mobilier. Des rayons entiers de meubles et tissus fabuleux attendent sagement que la vraie vie commence, que leur vocation de servir d'arrière-plan à quinze enfants d'une famille blonde commence, dans une maison pleine de musique et de lueurs de feu de cheminée, cela répété en centaines de foyers par milliers de rues. Mais nul souffle n'anime cette matière inerte dans les allées vides et en guise de clients potentiels déambulent en se donnant le bras deux misérables p*.



Un peu plus loin voici Stamford Bridge, l'un des seuls stades de Londres encore au milieu des habitations, et l'un des plus beaux du monde pour la déclivité des premiers gradins, pour la profondeur des virages et la proximité du premier rang avec la pelouse. Mais le plus beau stade du monde se trouve à Manchester, c'est Old Trafford hélas. Devise "Amare et servire" au fronton d'une école. Le goût pour le latinisme est ancien, il est comme le blasonnement, il permet de poser une institution, une marque, un nom. Les emblèmes des clubs rappellent la l'affection locale pour les animaux. Les enfants sont éduqués avec les chansons de Moondog et en grandissant ils voient chaque semaine jouer des équipes signalées par tout un bestiaire en écussons. Sheffield Wednesday a une chouette, Wolverhampton a un loup, Watford a un cerf, Millwall, Chelsea et Aston Villa ont un lion, Ipswich a un cheval, Crystal Palace a un aigle, Bristol City a un pinson, Leicester a un renard, Derby County a un bélier, West Bromwich Albion a une grive, Norwich a un canari, Brighton a une mouette, Brentford a une abeille, Tottenham a une poule, etc.
À Sheperd's Bush, un bref tour chez le vendeur de vêtements de sport classiques Stuarts London. Un peu plus loin je prends deux pintes dans un pub qui se remplit à toute vitesse. Nous sommes vendredi soir et la fête commence dans ce pays, et quelle fête, quand on sait de quoi les Anglaises sont capables. Je paie et vais à l'embarcadère du bateau-taxi.
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C'est la nuit. Le bateau met toute la gomme et fend les flots à l'allure d'une voiture sur la route. Les rivages de la ville défilent d'ouest en est. C'est un trajet qu'a souvent décrit Samuel Pepys dans son journal des années 1660, lorsque la ville était tellement encombrée que la longer en bateau à voile allait plus vite que la traverser à pied. Débarquement à Blackfriars, puis métro jusqu'à Mile End. Ce nom de quartier est le titre d'une chanson de Pulp que l'on peut entendre dans Trainspotting. Affamé je prends un maxi Fish & Chips dans une échoppe en préfabriqué, un "cheap chippy". Retour en métro avec Orbital, Bicep, Dido, Oasis dans les écouteurs, l'album de 1991 de Blur, et surtout Happy Mondays. Qui a parlé d'époque triste pour ces chères années 1990? Les Mondays sont le stéréotype de l'explosion de joie naïve, "laetitae" du début de la musique électronique, phase qui a culminé avec Dance Machine entre 1993 et 1995. Oh certes l'ecstasy y était pour beaucoup, et l'héroïne. Trainspotting n'est pas un film sur la drogue, c'est un panorama du changement qui s'est opéré entre 1986 et 1991 au plan du vêtement, des musiques, du rapport à l'argent, au travail, au sport, au loisir c'est un vrai film sur la Culture, un outil performant pour dater les us et coutumes. Les gens qui ont vécu la charnière dont Pierre-Marie et Alain Soral, plus critiques sur les années 1990, m'ont dit que l'année 1986 était la dernière pour vivre en vrai marginal. Après, le mainstream a tout emporté, il fallait obligatoirement engranger du fric, et les marqueurs comme Bernard Tapie, les Bains Douches, la montée des cailleras et du Sentier, les digicodes et les interphones, les néos-cons et les ringards-show-bizz sont autant de signes irréfutables dont on peut retracer la montée aujourd'hui.
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Retour tardif à l'hôtel. Voilà une journée comme elles devraient toutes se dérouler, consacrées aux découvertes, aux églises, à l'étude, aux stades, aux gens charitables qui connaissent leur place. Une vie dégagée, surtout. La bourgeoisie actuelle surjoue l'aisance? Elle est perclue de tracas. Nous avons un immense besoin de longues plages de temps données à la musique, à l'amitié, au paysage, à la peinture, au sport, de périodes complètement délivrées des servitudes administratives et matérielles. Nous rêvons d'une vie rustique et habitée, semée de brave gens, décorée de matériaux bruts. Après une soirée arrosée, se caler la faim avec un pie & mash dans une échoppe en regardant les résultats du foot, rentrer pompette en taxi et monter chez soi par des escaliers en bois à une chambrelle sans chauffage, se blottir dans un lit sous trois couverture de laine mérinos et dormir quinze heures.

SAMEDI
Déballage de valise. Il en tombe un adaptateur de prise électrique Europe/Grande-Bretagne qui date de l'aventure à Hong Kong, voici 18 ans, et qui fonctionne aujourd'hui sur les prises de l'hôtel. Un charme des colonies était d'y vivre comme chez soi, selon des mœurs, des rites et même des normes techniques conservées dans les plus petits détails. Nous n'avons pas assumé d'être nous La Civilisation, avons voulu croire à la relativité, aux civilisations. Contresens total. En reniant nos droits sur l'étranger chez lui qui y naissait grâce à nous, soudain notre chez-nous est devenu chez l'étranger. Nous propagions la vie, la nôtre donnant vie à la sienne, il propage la mort. Fort peu de connards de Blancs éteints et attentistes ont mit bout à bout ces évidences de statistiques médicales malgré leur arsenal d'arguments rationnels par milliers de lignes de tableaux Excel. La catégorie moderne c'est l'indifférence, "nous vaincrons car nous sommes les plus morts".
Marylebone. Joli, aisé, mais pas puissant comme à l'époque… Vague odeur de faisandé, et cette impression d'arriver trop tard. "J'arrive toujours quand on éteint" disait Morand. Penhaligon par exemple, est bien là, mais ouvert, putassier, racoleur, démocratisé. Le décor est là, mais où est cette distance, cette exclusivité, ce léché, ce feutré, cette légende sous-jacente, ce "meilleur à venir" qu'exhalait une seule de ces enseignes il y a seulement 15 ans? Vague ambiance de fast-fashion, de triche et de sauve-qui-peut commercial dans l'air.
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Midi, c'est bientôt l'heure du match. Direction la gare d'Euston déjà remplie de fans de Tottenham qui attendent le métro aérien. Dès confirmation du panneau d'affichage toute la foule bouge ensemble vers le quai et vient s'entasser dans les wagons tubulaires. Tension palpable mais ce ne sont pas non plus ces visages fermés qui en font des caisses, comme on en voit à Anderlecht, Lyon ou Paris. C'est familial, c'est bon enfant. Ce sont des bandes de potes de 60 ans qui ont esquivé leur femme, des lycéens, des enfants avec le grand-père, ce genre de public. Le métro aérien passe des ponts élevés au-dessus des rues, entre les bâtiments gris. Quartiers sans beauté notable mais sans vandalisme, qui se donnent tel qu'ils sont. Vie, ciel, vitesse, plein air, aperçu des perspectives, comme dans le premier clip de King Krule, avec les infrastructures nues. Enfant j'étais complètement émerveillé par Paris vu du métro numéro 6, celui qui traverse la Seine et qui est en "aérien" de Passy à Lamotte-Picquet. Les appartements éclairés que le wagons frôlait, la vie déclinée en mille possibilités partout qui nous était promise en héritage.
La raison de cette visite à Tottenham, tout au nord de la ville, est son nouveau stade de 62 000 places. Les ingénieurs en étagement des gradins, les scientifiques du terracing, ont trouvé le compromis entre l'ancien et le nouveau style. Gradation faible en bas, forte en haut, de sorte qu'un pan de tribune pris du lower au upper tier commence à 25% de déclivité pour finir à 33%. C'est une configuration médiane entre l'ancien et le nouveau style, en vogue depuis 15 ans. La pire étant celle répandue largement sur le continent avec ses pentes à 30% dont le plus bas gradin est à 3 mètres au-dessus du sol et à 10 mètres de distance du terrain. Ce n'est pas du stade c'est de la mise en cage par des invertis des ondes qui ne sentent pas, qui ne savent pas ce qu'est l'émotion grégaire (pour ce qu'il en reste).






On passe les tourniquets. Direction le bar. Le remplissage des pintes se fait par le fond du gobelet pourvu d'un clapet anti-retour où insérer le robinet. Plus vite, plus propre. J'en bois deux en binge sous les gradins dans ces hangars en béton bondés de monde, avant d'entrer dans le stade proprement dit. Strapontin réservé au local 107 comme dans Irishman, c'est un "lower block" situé à quelques rangées de la pelouse. Et bon sang, quel stade…
La proximité pelouse-gradins dans les stades c'est l'art de faire servir le peuple au club et le club au peuple. Tottenham bat Brighton 2-1. Assez sympa mais beaucoup de touristes et de Coréens amortis. Retour à pied par le long boulevard lugubre décrit dans Football Factory, bondé de foule à cette heure, et pause bière en chemin dans une auberge Tudor prise d'assaut.
Londres, moitié prison, moitié village. Sinistre ici, ravissant là. Quantités de plaques de rue en ancien français comme à Conduit Mews ou à Montagu Row, avec des constructions organiques où tous les équipements sont externes, où un pont sur les toits permet le passage d'un bâtiment à l'autre sans descendre en rue.



Dans cette manière de construire il y a quelque chose de chaleureux et de sécurisé qui vous charme d'autant mieux que le climat est lugubre. La vie possible. Enfant j'ai vaguement eut cette intuition en tombant dans un journal Spirou sur une page de la bande dessinée "Les chevaliers du pavé", plus tard avec le jeu "Versailles", plus tard encore avec "Les boucliers de Quetzalcoatl", notamment quand il fallait passer la guérite des quais du port. Londres s'est enrichie deux siècles durant grâce aux plus grands quais de marchandises du monde. Alors que j'étudiais le sujet dans des livres on m'apprit suite à des recherches généalogiques récentes que le père de mon arrière-arrière-grand-père travaillait aux tonneleries des docks de Bordeaux. "Ce que tu cherches te cherche".


DIMANCHE
Dans un monde qui pourrit on doit chercher la permanence d'une forme incorrompue, chercher une base arrière hors du temps, presque hors de l'espace. Quelle est cette citation vue chez Zentropa il y a deux ans, introuvable depuis, qui évoquait un lieu qui soit un refuge sûr, mais libre du temps et de l'espace, ou quelque chose comme cela. C'était bien amené.
Traversée de Hyde park vers l'église. Quelques nageurs font leurs longueurs dans la Serpentine. Le thermomètre affiche 7 degrés. Un crochet par l'église orthodoxe où officiait autrefois Antoine de Souroge. On comprend ici comme la beauté de ce parc et le charme feutré de ce quartier ont servi d'arrière-plan à ses trois conférences sur la stabilité intérieure (Le Temps, Le Silence, Le Corps). Quelque chose de profondément stable émane de ces lieux alors que tout y est jeune et frais comme les fleurs de saison. Ainsi de chaque mot du Métropolite Antoine. Cor ad cor loquitur aurait pu être sa devise, d'ailleurs il ne pouvait ignorer la proximité immédiate de Brompton Oratory. C'est comme si John Henry Newman avait déteint sur lui.

Dans l'église orthodoxe, quelques hommes durs à têtes rasées, style mafieux slaves, se tiennent immobiles sur un côté. Selon l'excellent usage des orthodoxes la dévotion est active, on peut entrer ou sortir pendant l'office, chaque membre de leur Eglise en est un sociétaire. Chuchotements, ambiance feutrée, dames voilées qui vont et viennent en bon ordre, ravissantes, visages déterminés lorsqu'elles embrassent leurs icônes sacrées. Grâce décontractée des femmes traditionnelles, les vraies, qui connaissent leur place, qui savent ce qu'elles doivent faire. Ces femmes servent leur religion et leur race comme on tient sa maison. Disposition qui leur confère ce charme visible aujourd'hui et qui suppose une rude éducation préalable, un arsenal complet d'habitudes prises dès l'enfance, une sorte de diète du mode de vie dont nous n'avons pas idée. Catholiques en carton, nous voulons la tradwife et enseignons à nos filles qu'elles ont par exception spéciale tous les droits en ce monde. Résultat, des empotées à la fois tyranniques et apeurées, qui "font carrière" et ne savent même pas servir un bœuf bourguignon correct. Une femme féminine c'est quelqu'un de propre, de souriante, de débrouillarde, c'est tout. Les autres sont les féministes.
Pendant les psalmodies, apaisante vision que celle des prêtres hiératiques avec leurs gestes coulés, leurs signes de croix, les inclinaisons, les mains qui touchent terre. Un jour on comprendra mieux l'initiative de Benoît XVI saluant un dignitaire orthodoxe, et concluant la rencontre non en bénissant le patriarche comme le supposait sa position de Primus Inter Pares mais en demandant à cet orthodoxe de le bénir, lui. Noble Benoît XVI, belles années d'espoir où l'on croyait une embellie possible.
Brompton Oratory, l'église de Newman. Sa prière Lead kindly light, dont la lecture peut faire pleurer. C'est la Messe du dimanche. Loin des touristes on peut se faire visiteur des rues qui n'intéressent personne et à l'encontre des troupeaux du parterre, le fidèle des chapelles latérales. Le désordre moderne qui suppure jusqu'en ce sanctuaire est agaçant et pourtant... et pourtant cette petite fille appliquée à son devoir de catéchisme, qui recopie Our Father avec soin sur un prie-Dieu qu'elle utilise comme un bureau, n'est-elle pas divine? Elle calligraphie ligne à ligne toute la prière et décore le titre avec des fleurs dessinées au crayon de couleur. N'est-il pas vrai qu'en certains cas l'on peut croire au Créateur par ses créatures ? Appelée par sa mère elle quitte à regret son beau dessin en faisant "rhooo, pfff so!", vissant son index sur la tempe dans un geste que faisaient les enfants de ma génération en Essonne il y a 35 ans et que je n'avais plus vu quiconque faire depuis.
Le monde est violent, le monde est méchant, la plupart des gens ont la scélératesse chevillée au corps et je n'ai aucune confiance en eux. La confiance, cela ne se gagne pas, au contraire cela s'éprouve par des imprévus et des revers, par des bastons, par tous ces moments où l'on découvre par les faits qui est qui. J'ai pour ces raisons été très ami avec la bande de Grenoble à l'époque. C'étaient de jeunes Français réchappés du déclassement, des divorces, de l'échec scolaire et de la drogue, de tout ce qui a tué à petit feu tant de braves gars. Ensemble nous menions grand train sans payer dans cette ville haïe, sans commettre une faute d'orthographe, sans nous mêler ni aux racailles ni aux gauchistes ni aux étudiants. L'amitié c'est d'être un Razoumikhine les uns pour les autres. Au premier coup dur vous verrez vos soi-disant amis s'enfuir comme une volée de moineaux, et vous apprendrez qu'ils n'étaient que des voisins de beuverie. Je n'ai jamais compris la confiance en la vie des gens du mainstream, les fêtes de collègues aux sourires confiants alors qu'ils peuvent se tuer socialement la semaine suivante. Je n'ai jamais compris qu'il faille rester civique lorsque les gens vous sortent leurs opinions sur la politique, l'athéisme, sur n'importe quoi, comme s'il était entendu que vous serez d'accord avec eux. Ils n'ont pas lu Gustave Le Bon ni Céline et ils parlent quand même. Toujours les mêmes opinions, les mêmes sujets vus mille fois, interprétés par automatisme. La manière qu'ils ont de croire en la vie, comme si l'invasion n'existait pas, comme si les atrocités en Afsud et Algérie n'avaient pas existé, comme si la partie en était à 0-0 et venait de commencer... Le score est à 0-36 et même davantage. "Les gens". Leur naïveté me fait pleurer. Leur indifférence m'exaspère. Leur méchanceté me fait vouloir les tuer. Je suis content d'être un f* et de n'avoir ainsi nulle commerce avec eux. Comme Schopenhauer j'ai souvent regretté d'avoir pris la parole en public pour "essayer d'être sympa avec les gens" mais jamais je n'ai regretté de m'être tu.

Au stade, à l'église, partout, être avec les autres mais en léger retrait, ne communiant que par le chant, l'écriture ou la prière. Cor ad cor loquitur, le reste est bavardage. Les mondanités déçoivent toujours: soit guindées, soit familières, toujours heurtées, pleines d'entorses aux saines hiérarchies. Le travail lui, ne déçoit jamais. Pour le reste il y a encore le stade et l'église, contrepoids d'un équilibre idéal. On s'est rendus fous dans ce pays par les mondanités, cela jamais mieux décrit que dans la pièce "L'après-dîner" de Sylvie Joly. Elle avait tout compris. Les relations sociales sont non pas le lieu de la charité mais une manière de se placer, d'obtenir, de dominer. "Dans n’importe quel salon, en dix minutes d’assemblage, il se commet plus d’impairs, d’horreurs de goût et de tact, que dans tous les Corps de garde de France en dix ans"(Céline). S'intéresser aux autres est impoli mais ne pas s'y intéresser l'est aussi. En somme on n'en sort pas. Par-delà ce champ clos il faut chercher les charités de réseau, les gens sur qui compter et qui puissent compter sur nous, les lieux exclusifs et gratuits "réservés aux membres".
Passion quasi-générale des jeunes Anglaises pour l'enlaidissement artificiel appelé maquillage, notamment pour l'assombrissement du visage à grandes peletées de fond de teint ocre. Finies les jeunes filles élisabethaines pures comme la neige des gravures de Lucas de Heere (Wives and daughters, 1560). Celle située à droite de l'œuvre avec son cache-gorge et son chapeau dissimule un type physique rare, qui persiste jusqu'à nos jours dans la vraie vie, et trouvable chez Kelly Rutherford, pour donner un point de repère, ou encore chez d'autres filles méconnues du grand public mais pas de moi, et dont le souvenir, les mots et l'odeur sont encore là 20 ans après.


West Ham. Ce club était autrefois logé à 20 minutes à pied des Royal docks, tout à l'est de la ville, à Boleyn Ground, de son vrai nom Upton Park, stade de 32 000 places. Depuis 2014 il est au London Stadium qui a 62 000 places. C'est un stade loin de la ville, neutre, normé, entouré de terrains vagues comme tous les nouveaux stades extirpés de leur terroir local. Signe des temps. On peut lire une époque par l'évolution du stade: règlement intérieur, prix des places, sociologie des spectateurs par stratification des gradins, domaine d'activité des sponsors, origine des spectateurs, des joueurs et des "femmes" de joueurs, des investisseurs et des employés, etc.
Dès les abords du London Stadium on est abasourdi du profil des supporters qui affluent. Majorité de vieux types assez gros et surtout très grands, le crâne rasé, en Stone Island, Lyle & Scott, Barbour, Fred Perry, mais Lacoste a presque disparu du paysage. Le vrai smart casual était le plus beau style jamais inventé. C'est écrit dans L'avenir de Lacoste. Discussion informelle avec un supporter pour en savoir davantage. Il dit notamment que l'aversion la plus notoire des Hammers n'est pas Chelsea ni Millwall comme le disent les médias, mais Tottenham. Ce derby, lorsqu'il a lieu, rappelle l'antagonisme ancien des ouvriers chrétiens et des bourgeois franc-maçons (et pire), la détestation est totale. Il est vrai que l'on entendait de curieux slogans hier ("y* army"). On entre. Siège attribué en bas d'un virage, à 10 mètres de la pelouse et à proximité immédiate du parcage visiteur. C'est West Ham contre Arsenal aujourd'hui. Les stades donnent à voir la vraie échelle des choses. Tout d'abord, la majorité des joueurs sont étonnamment petits. Le terrain lui aussi est nettement plus réduit que sur un écran. Par contre les gradins, les virages, les courbures des rangées de sièges garnis de spectateurs révèlent une immensité, une amplitude qui vous souffle. C'est particulièrement prégnant lorsque la foule ainsi ordonnée se met à chanter. La foule qui devient peuple c'est l'esthétique de l'empyrée.

Le vrai club de Londres est toutefois Chelsea à mon sens, surtout avant 1996, année de publication de Football Factory par l'un de leurs fans, étincelle qui a mis le feu aux poudres et ouvert le filon des livres de supporters. Avant 1996, Chelsea était ce club populaire anonyme dans un quartier d'élite, avec un maillot classe, un blason classe, une sorte de PSG des années 1980. Tottenham: truc de bourgeois franc-maçons et d'étrangers, mais très beau maillot, très beau stade. West Ham et Millwall, clubs historiques d'ouvriers des fonderies et des chantiers navals, réputation de cogneurs, forte culture, fort ancrage local. Arsenal, devenu après Wenger et Highbury un club de pakistanais et de jamaïcains, sans intérêt. Palace, club de banlieue plan-plan qui joue demain. Fulham, QPR, Charlton et Wimbledon, à découvrir, une autre fois.
Beaucoup de chants et de ferveur. West Ham ramasse un méchant score de tennis, 1-6 à domicile, et le stade se vide de moitié pendant la seconde période. Le parcage visiteur fait coucou de la main aux locaux parce que le doigt d'honneur est interdit et que tout est filmé. Il faudrait demander à ces gros durs s'ils sont vaccinnnés, s'ils se sont mis à genoux pendant BLM. En sortant, un petit Pie and Mash dans une échoppe ambulante puis une pinte dans un pub de centre commercial qui s'est rempli de tous les déçus du match.
Plus tard, Marylebone, de nuit. Trottoirs mouillés, fenêtres éclairées. Je me laisse choir en terrasse d'un bar à chicha protégée de la pluie par un store en tissu pour commander l'arôme pomme, un verre d'eau et un thé. Enfin goûter la grande paix des dimanche soir lorsqu'on ne travaille pas. La vie, voilà, que dire d'autre. I need the night, bonne petite chanson. Les tenanciers sont de gras Somaliens confortablement allanguis en des couches molassones, promontoires depuis lesquels ils jugent le monde qui passe en levant le menton, comme des pachas négriers (dont ils descendent peut-être). Dire que l'école nous contraignait d'offrir du riz pour sauver ces gens-là de leur famine en 1991 et qu'aujourd'hui ils se croient arrivés par eux-même. Sans nous, vivraient-ils seulement?
Ce soir j'observe cela sans affect, de loin, depuis ma plane. La rue est un spectacle à part entière dans ce quartier riche, avec la pluie dans le halo des lumières des fenêtres d'hôtel. Cette chicha me fait extrêmement plaisir. "Être ailleurs" disait Paul Morand, et dégagé de tout, sont des ambitions suffisantes en vacances. Il y a deux façons de se soulager. On peut essayer de jouir du monde et comme Pepys foncer sur "force gigot" et "jeunes filles bien propres à me divertir". On peut encore vivre sans besoin. Déposer le fardeau du rôle social. J'aurais depuis longtemps fait un heureux moine s'il n'y avait eu cette fascination pour les jeunes filles, notamment pour les beaux visages féminins, les belles jambes, les belles mains, le charme que leur confère l'éducation stricte, les manières distinguées, l'émotion contenue.

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Kris Kidd // Sylvia Plath, The Bell Jar // Louis-Ferdinand Céline, Journey to the End of the Night
#i am afraid i will let this sadness cradle me to death#i am safe#am i#my relationship with healing in a nutshell btw#kris kidd#sylvia plath#the bell jar#Louis-Ferdinand Céline#Journey to the End of the Night#web weaving#falling#relapsing#self destruction#classic#classic lit#literature#quotes
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"Le reste du temps qu'est-ce qu'il fabrique le peuple [...] Entre les déluges ? Rien ! Il s'écoute causer, roter, il se fait reluire avec des conneries, comme des vraies gonzesses, des futilités, des babioles [...] jamais il parle du fond des choses." - Louis-Ferdinand Céline
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The beginning of genius is being scared shitless.
—Louis-Ferdinand Céline
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boşuna heveslenmemekte yarar var, insanların aslında birbirlerine söyleyecekleri hiçbir şey yoktur, karşılıklı olarak yalnızca kendi acılarını anlatırlar, bu böyledir. herkesin derdi kendine, dünyanınki de hepimize.
louis-ferdinand céline, gecenin sonuna yolculuk
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I bambini hanno, ancor più di noi, una vita superficiale e una vita profonda. La loro vita superficiale è molto semplice, si riduce a una qualche disciplina, ma la vita profonda di un qualsiasi bambino è la difficile armonia di un mondo che si crea. In questo mondo debbono entrare, giorno per giorno, tutte le tristezze e tutte le bellezze della terra. E l'immenso lavoro della vita interiore.
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"True, we have got into the habit of admiring colossal bandits, whose opulence is revered by the entire world, yet whose existence, once we stop to examine it, proves to be one long crime repeated ad infinitum, but those same bandits are heaped with glory, honors, and power, their crimes are hallowed by the law of the land, whereas, as far back in history as the eye can see? and history, as you know, is my business? everything conspires to show that a venial theft, especially of inglorious foodstuffs, such as bread crusts, ham, or cheese, unfailingly subjects its perpetrator to irreparable opprobium, the categoric condemnation of the community, major punishment, automatic dishonor, and inexpiable shame, and this for two reasons, first because the perpetrator of such an offense is usually poor, which in itself connotes basic unworthiness, and secondly because his act implies, as it were, a tacit reproach to the community. A poor man's theft is seen as a malicious attempt at individual redress ... Where would we be? Note accordingly that in all countries the penalties for petty theft are extremely severe, not only as a means of defending society, but also as a stern admonition to the unfortunate to know their place, stick to their caste, and behave themselves, joyfully resigned to go on dying of hunger and misery down through the centuries for ever and ever ... Until today, however, petty thieves enjoyed one advantage in the Republic, they were denied the honor of bearing patriotic arms. But that's all over now, tomorrow I, a thief, will resume my place in the army ... Such are the orders."
— Louis-Ferdinand Céline, Journey to the End of the Night (1932)
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Si può amare il calore, ma nessuno ci si vuol bruciare.
Louis-Ferdinand Céline, Il dottor Semmelweis, 1924
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Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) et sa femme Lucette Almanzor (1912-2019), photographiés par Bernard Lipnitzki à Meudon (Hauts-de-Seine), en 1955
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« Vous en êtes comme malade de votre désir d'en savoir toujours davantage... Voilà tout... Enfin, ça doit être votre chemin à vous... Par là, tout seul... C'est le voyageur solitaire qui va le plus loin. Vous allez partir bientôt alors ? »
Voyage au bout de la nuit - L-F Céline (1932).
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Pour que, dans le cerveau d'un couillon, la pensée fasse un tour, il faut qu'il lui arrive beaucoup de choses et des bien cruelles.
Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit, 1932)
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youtube
Compte de la 1ère influençeuse noire patriote américaine. Plus d'1 million de vues grâce à deux sources. D'abord l'enquête de F&D. Puis les dossiers de Mar-a-Lago détenus par Trump. Cette Candace Owens est soutien de Trump depuis plusieurs années et est demeurée solide lors du grand test de l'affaire Floyd/BLM de l'été 2021. C'est toujours par les actes en période de crise que l'on reconnaît qui est qui. Quant aux soupçons sur le "couple présidentiel" ils vont beaucoup plus loin que ce que l'on peut en dire. Aucun de ces deux-là n'est vraiment celui qu'il dit être.
Ce qui compte pour nous c'est l'intérêt supérieur du pays, libérer le pays de la tyrannie des canailles décrites par les Drumont, Bernanos, Morand, Céline, Coston, Ratier, nos repères, nos boussoles et principes directeurs dans les brouillards actuels. Relire ces grands anciens là nous mettra tous d'accord et nous fera voir plus loin.
#Candace Owens#John Michael#F&D#Faits et Documents#Egalité et Réconciliation#France#Tradition#Henri Coston#Edouard Drumont#Georges Bernanos#Louis-Ferdinand Céline#Emmanuel Ratier#Paul Morand#BLM#Xavier Poussard#Donald Trump#Brigitte#Brigitte Gate#Youtube
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To Racine, who taught me to tighten a sentence till it wept to Pascal, from whom I learned to doubt the perceptible and to be sure only of the imperceptible to insatiable Rabelais to Montesquieu, geographer of thought to melancholy Baudelaire to Georges Schéhadé, the magician to Céline, at once grandiose and base.
— Vénus Khoury-Ghata, She Says, transl by Marilyn Hacker, (2003)
#Lebanese#Vénus Khoury-Ghata#She Says#Marilyn Hacker#(2003)#Jean Racine#Blaise Pascal#Montesquieu#Charles Baudelaire#Georges Schéhadé#Louis-Ferdinand Céline#Essence#♥
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"Another speeding ticket in Virginia and you lose your car," said the mean cop as a parting volley. Dean was red in the face. We drove off silently. It was just like an invitation to steal to take our trip-money away from us. They knew we were broke and had no relatives on the road or to wire to for money. The American police are involved in psychological warfare against those Americans who don't frighten them with imposing papers and threats. It's a Victorian police force; it peers out of musty windows and wants to inquire about everything, and can make crimes if the crimes don't exist to its satisfaction. "Nine lines of crime, one of boredom," said Louis-Ferdinand Céline. Dean was so mad he wanted to come back to Virginia and shoot the cop as soon as he had a gun.
Jack Kerouac, ‘On the Road’
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Quel che è peggio è che uno si chiede come l'indomani troverà quel pò di forza per continuare a fare quel che ha fatto il giorno prima e poi già da tanto tempo, dove troverà la forza per quelle iniziative sceme, quei mille progetti che non arrivano a niente, quei tentativi per uscire dalla necessità opprimente, tentativi che abortiscono sempre, e tutti per arrivare a convincersi una volta per tutte che il destino è invincibile, che bisogna sempre ricadere ai piedi della muraglia, ogni sera, sotto l'angoscia dell'indomani, sempre più precario, più sordido. Forse è anche l'età che sopraggiunge, traditora, e ci annuncia il peggio. Non si ha più molta musica in sé per far ballare la vita, ecco. Tutta la gioventù è già andata a morire in capo al mondo nel silenzio della verità. E dove andar fuori, ve lo chiedo, quando uno non ha più dentro una quantità sufficiente di delirio? La verità, è un'agonia che non finisce mai. La verità di questo mondo è la morte. Bisogna scegliere, morire o mentire. Non ho mai potuto uccidermi io.
Louis-Ferdinand Céline
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Ci sono esseri così, è strano, sono carichi, arrivano dall'infinito, ti vengono a esporre sotto gli occhi il loro gran fagotto di sentimenti come al mercato. Non stanno attenti, spacchettano la loro mercanzia come viene viene. Non sanno presentare bene le cose. E tu non hai comunque il tempo di rovistare fra le loro scarabattole, passi, non ti giri, tu pure hai fretta. A quelli di sicuro gli dispiace. Che fanno allora, rimpacchettano tutto? Buttano via tutto? Non lo so. Che ne è di loro? Non se ne sa niente. Ricominciano daccapo finché gli resta ancora qualche cosa? E dov'è che vanno allora? Certo che è enorme la vita. Ti ci perdi dappertutto.
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